Au cours de la Semaine africaine de la microfinance (SAM), nous avons eu la chance de nous entretenir avec de nombreuses IMF africaines du portefeuille. Tous considéraient le changement climatique comme une question de plus en plus urgente, mais peu avaient poussé leurs préoccupations concernant le changement climatique jusqu’à Comuba. Alors que d’autres IMF venaient juste assister à la SAM, l’équipe de Comuba est restée au Burkina Faso pendant 3 semaines complètes, pour recevoir une formation sur le financement agricole et la gestion des risques. Lorsque nous leur avons parlé, nous avons vite compris leur raisonnement.
Comuba est basée au Bénin, un pays d’une grande diversité, avec des lacs au sud et des collines et plateaux rocheux au nord. Le pays est gravement menacé par le changement climatique et est classé 15e pays le plus vulnérable au changement climatique au monde.1 Cette année, les effets se sont déjà fait sentir : la saison des pluies a été beaucoup plus longue et plus lourde que prévue, entraînant des inondations considérables. Les rivières éclatent, laissant des villages entiers inondés et de nombreux endroits inaccessibles. À mesure que les niveaux d’eau montaient, Coml’IMF a également commencé à en constater les effets. Ses niveaux de PAR 30 étaient supérieurs de 3 points de pourcentage à ceux de l’année précédente. Les petites entreprises ont eu du mal à vendre leurs vêtements alors que les fortes pluies persistaient.
Alors que le changement climatique devient un problème plus pressant, Comuba a développé une stratégie pour faire face aux changements. La première étape concerne l’atténuation du changement climatique. Au Bénin, plus de 70% des familles brûlent du bois pour cuisiner.2 Cela a un effet néfaste sur le couvert forestier du pays, perdant ainsi 1% de son couvert arboré chaque année3. Un effet néfaste également sur la santé, des preuves montrant que de telles méthodes de cuisson ont un lien avec les pneumonies, les accidents vasculaires cérébraux et le cancer du poumon, entre autres.
Comuba fait maintenant la promotion de la cuisson propre, en fournissant à ses micro-entrepreneurs des fours à gaz efficaces. Plus de 5 000 familles ont reçu un poêle depuis le lancement du programme en juin 2019. Les prêts sont remboursés dans un délai de 3 à 5 mois et coûtent moins d’un dollar par jour. Le temps que les familles gagnent pour préparer le feu peut également être consacré à des activités plus rentables.
La deuxième étape implique l’adaptation. C’est la raison pour laquelle Comuba s’est retrouvée aux ateliers sur les risques et la finance agricole pendant la SAM. Il est clair que le changement climatique a un impact sur les risques auxquels l’institution est confrontée, mais comment une IMF et ses clients peuvent-ils s’adapter ? L’un des premiers domaines que Comuba étudie est l’assurance – si des politiques appropriées peuvent être trouvées, elles peuvent aider à isoler l’institution et ses clients contre le risque de chocs environnementaux.
L’institution utilise également la formation sur les risques d’ADA pour créer un inventaire des risques auxquels elle est confrontée, y compris les risques climatiques, et trouver les meilleurs atténuants. Enfin, Comuba travaille avec une fintech, qui l’aide à analyser et à comprendre les risques climatiques au sein du portefeuille. Après avoir compris les risques, Comuba peut ensuite élaborer les meilleures mesures à prendre, de la fourniture de cultures résistantes aux inondations à l’exigence d’une assurance pour les clients opérant dans certaines zones.
Le chemin vers l’atténuation et l’adaptation est long, mais en prenant les premiers pas, Comuba sera mieux préparée lorsque les futurs événements climatiques frapperont à nouveau le Bénin.
1 Ministère des Affaires étrangères des Pays-Bas
2 Alliance pour la cuisine propre
3 Forêts tropicales Mongabay
