Quelques réflexions sur le secteur de la microfinance au Cambodge

Le Guardian a récemment publié un article décrivant de graves incidences de surendettement chez les clients vulnérables de la microfinance au Cambodge. Nous suivons l’évolution du secteur au Cambodge depuis de nombreuses années. Le LMDF a publié un article (en anglais) dans son rapport de Performance Sociale 2020 sur les inquiétudes quant à l’évolution du secteur [Article]. À l’époque, l’article concluait en déclarant que « la microfinance responsable au Cambodge est confrontée à sa plus grande épreuve à ce jour ».

Le LMDF a réalisé des investissements importants dans plusieurs petites et moyennes organisations au Cambodge entre 2012 et 2020. Cependant, en 2019, le Fonds a pris la décision de suspendre ses activités de prêt dans le pays. La raison derrière cette décision stratégique était l’observation que le secteur connaissait une croissance rapide, de plus en plus financée par des prêteurs qui n’adhèrent pas aux normes de pratiques responsables développées par le secteur. Cette augmentation des financements a continué à alimenter une croissance de l’offre de crédit dépassant de loin la croissance économique du pays et posant ainsi un risque sérieux de création d’une bulle de crédit qui, en fin de compte, affecterait le plus les clients les plus vulnérables.

Nous avons donc pris la difficile décision de ne pas contribuer à ce développement et de cesser de prêter aux institutions de microfinance du pays.

Nous pensons également que cette publicité est une opportunité de mettre en lumière ce que sont, à notre avis, des pratiques responsables en matière de prêt de microfinance.

S’engager à protéger les clients
En ce qui concerne nos contrats de prêt, nous veillons à ce que tous les prestataires de services financiers avec lesquels nous travaillons rejoignent le parcours de protection des clients et s’engagent à mettre en œuvre des mesures de protection des clients. Cet engagement envers la protection des clients est un aspect crucial des opérations du LMDF et s’aligne sur notre objectif de promouvoir des pratiques responsables et éthiques au sein du secteur de la microfinance.

L’article de 2020 du Rapport sur la performance sociale du LMDF et une initiative récente de la Plateforme européenne de la microfinance suggèrent d’aller plus loin dans le concept. Outre les normes volontaires de protection des clients, l’article soutient que dans des circonstances extrêmes comme celle du Cambodge, il devrait y avoir un mécanisme renforçant les droits des clients, tel qu’un régime de faillite personnelle aidant les clients à se sortir de situations désespérées.

Analyse en profondeur de la procédure de diligence raisonnable
Au cours du processus de due diligence, le LMDF utilise un outil d’évaluation dédié appelé Alinus. Cet outil est spécialement conçu pour les organisations axées sur l’impact et promeut un langage commun pour mesurer la performance d’impact et mettre en œuvre les normes universelles pour la gestion de la performance sociale et environnementale (SEPM). Dans l’outil Alinus, il existe une sous-section appelée engagement de protection du client, qui comprend 35 indicateurs. Ces indicateurs permettent à LMDF d’évaluer la conformité des entités potentielles dans les investissements aux pratiques de protection des clients, d’identifier les défis ou risques potentiels et de prendre des décisions d’investissement éclairées.

Engager et communiquer
L’un des aspects notables de l’approche de LMDF est notre participation active à diverses discussions et initiatives liées à la situation des prêts au Cambodge. Nous avons participé activement aux discussions tenues au sein de Cerise+SPTF (Social Performance Task Force) et avons fait partie du groupe d’action e-MFP Cambodge. Ces engagements reflètent l’engagement du LMDF à rester informé de l’évolution du paysage de la microfinance au Cambodge et à contribuer au développement du secteur.

Au-delà du Cambodge, LMDF a participé activement au groupe de travail des investisseurs sociaux de Cerise+SPTF. Ce groupe de travail vise à promouvoir les investissements responsables dans le secteur de la finance inclusive, en favorisant la collaboration entre les investisseurs et en partageant les meilleures pratiques pour générer un impact positif.

Par ailleurs, depuis 2021, LMDF est devenue signataire de la déclaration commune Cerise+SPTF. Cette initiative constitue un appel à l’action pour que les investisseurs et les institutions de financement du développement s’engagent activement dans la lutte contre les risques liés à la protection des clients. En signant la déclaration commune, nous nous engageons à rendre compte chaque année des mesures que nous avons prises au cours du processus d’investissement pour prioriser et améliorer les pratiques de protection des clients.

Nous pensons que ces éléments peuvent contribuer à favoriser un secteur de la microfinance responsable qui place les intérêts des clients au centre de son fonctionnement.